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The Pan African Music Magazine
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Le réconfort spirituel du Maalem Mahmoud Gania

Avec sa maîtrise du chant et son jeu virtuose de guembri, le roi incontesté de la musique gnawa repose ses pieds sur terre grâce au label Hive Mind qui réédite son album Aicha.

Décollage spirituel imminent en direction du Maroc, au cœur des confréries gnawa d’Essaouira. Un monde où l’on convoque les esprits par la musique et le chant pour atteindre l’état de transe. Après Colours of the Night en septembre 2017, voici une autre réédition de la musique du regretté Maalem Mahmoud Gania, éteint en 2015. Ses sonorités rituelles fascinantes, d’abord sorties en cassette à la fin des années 1990 pour Aicha, résonnent encore au Maroc à travers le festival Gnaoua d’Essaouira — une sorte de Woodstock marocain où la jeunesse danse en transe sur ces rythmes ancestraux aux pouvoirs guérisseurs.

L’album du Maalem Mahmoud Gania a été enregistré dans sa ville natale, Essaouira, ville portuaire et mer de connaissances ésotériques ancestrales. Les Gnawa du Maroc forment une communauté de prêtres-guérisseurs et de musiciens originaires d’Afrique subsahariennes, dont les cultes se rapprochent des rites animistes sahéliens. À l’origine, ils s’agissaient des descendants d’esclaves emmenés au Maghreb lors de la traite arabe en Afrique subsaharienne entre les VIIIe et XIXe siècles, à qui l’on a contraint d’adopter l’islam. 

C’est pour cette raison que les Gnawa s’identifient symboliquement au prophète Bilal, esclave affranchi de la religion musulmane, tout en y associant des noms d’esprits noirs africains dans une sorte de culte syncrétique. Leur rituel de prédilection est appelé « Lila », dont l’objectif est double, à la fois mystique et thérapeutique afin de libérer les âmes possédées par des esprits. Mahmoud Gania faisait partie des musiciens qui accompagnent ces danses libératrices en jouant du guembri, une sorte de luth à trois cordes. Il était même le mâalem, c’est-à-dire le grand maître des musiciens, mais aussi le plus virtuose dans ses envolées lyriques au guembri. Dans un monde en proie à une pandémie virale, les rythmes de la musique gnawa auront peut-être des effets thérapeutiques à qui veut bien l’entendre.

Aicha sortira le 9 octobre sur un LP disque/vinyle et en digital via Hive Mind.

Maalem Mahmoud Gania – Aicha
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